United 93 (Vol 93)
Je n'avais pas vraiment l'intention d'aller voir ce film. Ca, c'était jusqu'à ce que je me rende compte que le réalisateur n'était autre que Paul Greengrass, que j'aime tout particulièrement depuis que j'ai vu Bloody sunday et Omagh. Deux sujets brulants, que Greengrass a su traiter de façon excellente.
Pour United 93 (du nom du vol détourné), c'est encore le cas. Paul Greengrass le britannique touche au sujet le plus chaud pour les américains depuis Pearl Harbor. Et il le fait - encore une fois - excellement bien. Il évite les pièges dans lequels beaucoup de réalisateurs seraient tombés : mélodrame à outrance, clichés à outrance, ultra-patriotisme, et j'en passe. Déjà, la base est différente, puisque le sujet principal du film n'est pas le World Trade Center (mais c'est bien sûr évoqué), mais le seul vol détourné qui n'atteint pas sa cible en ce 11 septembre 2001 : le vol numéro 93 de United Airlines.
Le film débute au son d'une prière en arabe, semblable à une complainte lancinante. Un jeune arabe vient en voir un autre pour lui dire qu'il faut y aller. A la FAA (Federal Aviation Administration), la nuit vient de se terminer, et les contrôleurs de l'espace aérien américain s'apprêtent à entamer une journée ordinaire. Comme ceux de Boston, New York ou encore Cleveland... Si United 93 s'articule bien autour de ce fameux vol, son point fort est qu'il nous fait vivre ce drame de l'intérieur, mais aussi de l'extérieur. Ainsi, on voit aussi bien la progression du détournement dans ce vol, que l'incompréhension montante au sein des différents bureaux de contrôles aériens, ou encore l'incapacité des différents services américains (FAA, armée) à coopérer entre eux. Traité à la façon d'un documentaire, le film montre et fait ressentir la tension, puis l'incompréhension, la peur, la volonté de survivre, le sacrifice... Et ce, des deux côtés. Paul Greengrass filme à l'épaule et au plus près des comédiens - tous inconnus -, ce qui donne un effet de réalisme plus qu'impressionnant : on est véritablement dedans. Du début à la fin, de l'embarquement à la scène finale... Une scène d'une extrême puissance, où tout commence et où tout se termine. Un final ahurissant, qui marque et reste en mémoire.
Car Paul Greengrass livre un film dépourvu de tout sentimentalisme. Il n'y met ni clichés, ni ne prend parti. Il raconte, tout simplement.
JR.