Jane's Addiction - Strays

L'album qui devait sceller le retour de Jane's Addiction au premier plan... Le sort en décida autrement. Et ne vous fiez surtout pas à cette hideuse pochette, elle n'est absolument pas représentative des chansons ! Que nenni !

Après avoir côtoyé les sommets et une séparation houleuse en 1992, ce groupe laissait un énorme héritage. En effet, cette formation avait grandement contribué à l'essor d'une scène alternative et son accès aux mass media, dont MTV est l'illustration la plus frappante.

Ces divers membres ont alors poursuivis chacun de leurs côtés diverses aventures musicales avant de ressentir l'envie de rejouer ensemble. Après une tournée de reformation dans les clubs américains, la réalisation d'un album est timidement évoquée. Toutefois, le bassiste Eric Avery ne s'est jamais compromis avec ses anciens camarades, préférant ne pas éreinter l'héritage du groupe.

Ce n'est qu'en 2002 que les membres du groupe s'attellent réellement au successeur de Ritual De Lo Habitual, sous la férule de Bob Ezrin, producteur de renommée ( "The wall" de Pink Floyd, "Killers" d'Alice Cooper... ).

Et cet album n'a pas manqué de satisfaire les fans et le grand public. Dès le premier morceau, "True Nature", on retrouve ce qui faisait la force du quartet...
Un riff nerveux et dynamique propulsé par une rythmique impeccable... sans oublier la marque de fabrique du groupe : l'alternance au sein de la même chanson de passages puissants et mélodieux. Ces derniers soulignent par ailleurs les influences psychés du groupe, pertinent mélange de sons clairs et mélancoliques et de rythmique "presqu'arabisante"... De vrais romantiques refoulés en somme. 

Au fur et à mesure de l'écoute, des morceaux se détachent très nettement, réussissant à surclasser les autres.
Ainsi, "The Riches" est encore un exemple de leur audacieux mélange de psyché et de rock survitaminé, s'achevant sur une coda calme et brillante, sonnant proche d'une valse langoureuse et cristalline... (cette osée opinion a trouvé confirmation auprès de divers auditeurs...  ).

Quant à leur ballade (il en faut bien une... Admettez le  ), "Everybody's friend" , elle évoque partiellement un de leurs anciens titres ( "Jane Says" ), sans pour autant parvenir à recréer la magie. Elle est banale et dénote au regard de leurs autres "ballades" ou chansons calmes (à titre d'exemple, hormis la précitée, "Summertime Rolls" ou encore, "Then She Did"). Si on positive, cela offre une plage de repos à l'auditeur...

... Avant de poursuivre sur un rythme éffréné avec la bien-nommée "Hypersonic" , véritable déluge sonore qui pousse à l'excentricité, mais une excentricité classieuse.

Aaah et comment ne pas évoquer LA chanson de l'album, celle qui le clôt, "To Match The Sun" ?...
Elle commence tout doucement, privilégiant l'instauration progressive de l'atmosphère. Et puis, au fur et à mesure, elle déroule son cortège de riffs, plaisants à l'oreille, énergique sans pour autant agresser l'ouie.
Car la finesse et l'élégance de ce groupe réside dans cette capaçité à allier la puissance du rock au charme de chansons plus calmes et romantiques (... c'est bôôô...  ).
Quant au final de ce magnifique morceau, il rappelle, s'il était encore nécessaire, que ce groupe peut faire basculer une chanson du magnifique au sublime... Et je pèse mes mots. 

Néanmoins, le bilan est à relativiser. Cet album comporte certes des perles, parmi les nommées ou bien "Suffer Some" ou "Price I Pay", en revanche, le groupe était bien moins inspiré en ce qui concerne "Superhero", "Wrong Girl" ainsi que "Everybody's Friend"

Malheureusement, et consécutivement à la tournée qui a suivi cet opus, les tensions internes ont resurgies, menaçant la cohésion du groupe. Et Jane's Addiction n'est plus depuis juin 2004...

http://www.allmusic.com/cg/amg.dll?p=amg&sql=10:29kzu3qaan4k

A signaler la sortie prochaine, le 17 avril, d'une compilation regroupant le meilleur de leurs trois albums. Il s'intitulera "Up From The Catacombs".

Julien.