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Kick my Art
17 mai 2006

The secret life of words

184798371Les films les plus poignants sont souvent les moins bavards. Isabel Coixtet - protégée d'Almodovar, qui produit ses films - l'a bien compris et signe un film puissant, où les mots prennent tout leur sens et leur importance.

Hanna est sourde. Elle travaille dans une usine, et se coupe du monde en éteignant son appareil auditif. Son quotidien est fait de solitude et de rites immuables (les mêmes repas, les mêmes gestes, les mêmes activités). Un jour, son patron la convoque et lui ordonne de prendre un mois de vacances. Elle part alors dans une station balnéaire à quelques kilomètres de là. Jusqu'à ce qu'elle apprenne qu'il y a eu un blessé grave sur la plateforme pétrolière au large qui nécessite une infirmière. Elle décide alors d'aller s'occuper de cet homme, Josef, qui a temporairement perdu la vue. Entre eux va se créer un lien unique, ils vont apprendre à se découvrir.

Le genre dramatique n'est pas à la portée de tous. Il faut un réalisateur qui sache ne pas tomber dans les clichés du mélodrame, une histoire pleine de sens, et des acteurs impregnés dans leurs rôles. The secret life of words regroupe tout ça. Isabel Coixtet maîtrise son sujet de bout en bout, effleurant ses personnages avec sa caméra, comme pour montrer que leurs sentiments et leurs souffrances sont à fleur de peau. D'une histoire qui peut sembler simple à première vue, elle tire un drame puissant et poignant, qui prend aux tripes et laisse le spectateur en état de choc à la fin de la projection. Je n'avais pas vu aussi magnifique film depuis Mar Adentro. Et si celui-ci m'avait tiré quelques larmes, The secret life of words m'a littéralement scotché, et j'ai dû attendre quelques minutes pour m'en remettre...

Les images, le rythme, les dialogues...Isabel Coixtet fait un sans faute du début à la fin. Sa mise en scène, minimaliste, colle parfaitement à l'atmosphère que dégage le film, magnifiquement porté par deux acteurs aussi excellents que sublimes : Sarah Polley et Tim Robbins. Elle campe une femme mystérieuse, volontairement solitaire, qui semble porter en elle ses démons. Lui incarne un ouvrier, visiblement troublé par son accident, chez qui Hanna semble redonner un sens à des sentiments perdus. Peu à peu, ils vont apprendre à se connaître, Josef par son humour, Hanna par ses confidences. Leur relation évolue, ils s'apprécient de plus en plus, mais dévinent que chacun se bat en son fort intérieur avec la souffrance. Jusqu'à ce monologue d'Hanna, point d'orge du film, où l'on découvre chez elle les traces d'un traumatisme inconcevable... Cette scène, ce plan-séquence d'une dizaine de minutes, et un des plus grands moments de cinéma qu'il m'ait été donné de voir. Sarah Polley y est magnifique, fragile, sincère, si perdue et solitaire...mais en même tant tellement en demande d'affection que cela en est troublant. Cette confession prouve tout ce qu'elle ressent à l'égard de Josef, superbe Tim Robbins, qui boit les mots de cette femme qu'il apprend à aimer. Il a beau être aveugle, on sent toute la rage, la tristesse et la compassion qu'il éprouve face à l'inimaginable...

The secret life of words est film sublime. Il vous touche au plus profond de votre être et de votre âme. Et les films qui ont cette force sont trop rares pour que l'on passe à côté...

Juju.

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